jeudi 24 janvier 2008

Guy Goffette


On croise parfois la route d'un texte, d'un poème, de mots qui vous touchent..Aujourd'hui, j'ai découvert les mots et l'univers de Guy Goffette..J'en ai dérobé quelques-uns pour vous les offrir !

"La poésie est le journal intime d'un animal marin qui est sur terre et qui veut voler".

http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/goffette/goffetteguy.html

"Puis la nuit brusquement
retire son échelle
et comme s'il tombait de plus haut
le mot amour dans les vitrines
éclabousse comme du sang
le visage du matin
La nuit en province tombe dans les yeux bien avant l'âge
comme si la musique bleue autour du temps
devenait plus insupportable à cause de l'aventure
des branches des oiseaux saouls de vertige
- et leurs voiles tissés d'attentes de regrets
les veuves en garnissent le front ridé des fenêtres
dont les plis se resserrent encore au passage des filles peintes: trame
d'une vie jetée comme la nuitdans un bas sans couture."

« l’on ne sait plus
si c’est le temps qui passe ou nous
qui passons à travers lui, les mains vides,
comme un train somnambule à travers
la campagne endormie (…) ».

«Est-ce qu'on peut retenir un nuage en lui attachant les ailes aux pieds de la table?», «Capturer l'ombre qui bouge en lui sautant dessus?...»,

« Au fond, les vrais voyages sont immobiles. Immobiles et infinis. Solitaires. Silencieux. Souvent, ils commencent dans une chambre où l’on est enfermé parce qu’il pleut. »


« Il était une fois dans une chambre d’hôtel un homme à sa fenêtre qui attendait la mer. » Ainsi commence et se terminera l’histoire de Goffette avec cette « impression de n’avoir jamais commencé, d’être là depuis toujours à attendre que ça veuille bien se mettre en branle. Quoi ? je n’en sais rien. La vie promise, peut-être. »

"Ce que j'ai voulu, je l'ignore. Un train
file dans le soir: je ne suis ni dedans
ni dehors. Tout se passe comme si
je logeais dans une ombre
que la nuit roule comme un drap
et jette au pied du talus. Au matin,
dégager le corps, un bras puis l'autre
avec le temps au poignet qui bat. Ce que j'ai voulu, un train
l'emporte: chaque fenêtre éclaire
un autre passager en moi
que celui dont j'écarte au réveil
le visage de bois, les traverses, la mort."


"Peut-être, ami, si tu consentais

à suivre la leçon de la rivière

qui traduit reflet à reflet
le message du ciel, entendrais-tu

ce que le bruit du monde cache
à ton cœur : va, passager,

va, chante comme l’eau ce qui est
et ne te retourne pas, le seul


jardin qui vaille est en toi

ce qui reste et dure quand tout,

même ton ombre a passé"


Guy Goffette, Du jardin, in Une salve d’avenir, L’espoir, anthologie poétique, Le Printemps des Poètes et Gallimard 2004, p. 72.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

magnifique voyage immobile au centre de ces mots magiques !
superbe découverte, merci !
asminette

Mindy a dit…

J'aime cette blog!