mercredi 29 août 2007

Triste anniversaire


2 ans déjà !!


Avec des vents de plus de 230km/h, l'ouragan Katrina frappe les Etats américains du Golfe du Mexique, notamment la Nouvelle-Orléans qui sera inondée à 80% après la destruction de ses digues obligeant l'évacuation de la totalité de ses habitants; un millier de personnes trouveront la mort et des dizaines de milliers seront déplacées, un bilan chiffré à plus de 44 milliards de dollars (38 milliards d'euros) de dégâts au total.


Et aujourd'hui ?


John Moreno Gonzales
Associated Press
La Nouvelle-Orléans
Deux ans après le passage de l'ouragan Katrina qui avait fait plus de 1.500 morts, le nombre de sans-abri a pratiquement doublé à La Nouvelle-Orléans. Ils vivent dans les ruines de la ville, dans des conditions déplorables qui ne sont pas sans rappeler le Tiers monde.





«Ce sont des gens abandonnés, vivant dans des logements abandonnés, dans une ville qui a elle-même été abandonnée de multiples façons», observe Martha Kegel, directrice de l'organisation UNITY of Greater New Orleans, qui vient en aide aux sans-abri.

En janvier 2005, des volontaires du mouvement avaient dénombré 6.300 sans-abri dans les refuges, parcs et asiles de nuit de la ville et sa banlieue immédiate. Deux ans plus tard, ils étaient 12.000, bien que 60% seulement de la population totale soit revenue à La Nouvelle-Orléans. Les refuges refusent des centaines de personnes chaque soir, avec un nombre de lits réduit de 832 à 232.

«Il ne reste plus aucun refuge dans la ville. Et je préfère vivre dans une maison abandonnée que sous un pont autoroutier. C'est là que les gens finissent par mourir», remarque Nick Saint-Laurent, 26 ans. Venu de Detroit pour travailler dans le bâtiment, il habite dans un appartement vide, près d'un camp de sans-abri où un meurtre et neuf agressions ont été commis cette année.

On ignore le nombre exact de personnes ayant trouvé refuge dans des bâtiments abandonnés de la ville. Mais l'augmentation sans précédent d'arrestations pour violation de propriété privée et d'incendies suggère qu'il pourrait y en avoir plusieurs milliers.Certains sont des habitants de longue date, mais d'autres sont venus à La Nouvelle-Orléans pour la reconstruction avant d'être rapidement confrontés à une pénurie de logements et des loyers en hausse de 81%.

Sur les 200.000 maisons détruites par l'ouragan, 41.000 étaient des locations abordables pour les personnes gagnent moins que le salaire médian de la zone, selon une étude publiée en juillet par l'organisation californienne PolicyLink. Depuis le passage de Katrina fin août 2005, le loyer d'un studio a grimpé de 461 à 836 dollars (338 à 612 euros), d'après la communauté d'agglomération de la ville. Environ 80.000 habitations sont abandonnées

.«La Nouvelle-Orléans démontre l'importance cruciale de s'attaquer au problème de la pauvreté dans ce pays», lance Andy Kopplin, directeur de la Louisiana Recovery Authority. Il a promis que l'État ferait pression pour obtenir des fonds fédéraux pour le logement et les services aux SDF. Alors que le plus gros de ces fonds a été alloué, l'ensemble des besoins est loin d'être couvert, souligne-t-il.

Ainsi, 26 millions de dollars (19 millions d'euros) destinés au logement et à la lutte contre la drogue doivent permettre de revenir aux niveaux d'aide d'avant-Katrina, mais pas de s'occuper de l'augmentation du nombre des sans-abri, observent des responsables régionaux. La partie logement est liée à des incitations fiscales fédérales pour les constructeurs, qui ont pour l'instant fait peu pour les pauvres, selon le rapport de PolicyLink.Les crédits d'impôts financent la reconstruction de seulement 8% des appartements que pouvaient se payer les personnes gagnant 30% du revenu médian, poursuit le document.

Les quatre ensembles immobiliers voués à la destruction représentent 3.000 logements à loyer modéré et le remplacement d'un quart seulement est financé.La police, les pompiers et les responsables sanitaires s'inquiètent: les squatteurs sont soupçonnés d'avoir provoqué un cinquième des 691 incendies enregistrés en 2006.

En outre, plus de 1.400 arrestations pour violation de propriété privée ont déjà été effectuées cette année.Les sans-abri ne sont pas forcément des squatteurs. Ainsi Beverlyn Landry, 60 ans, qui habite à Gretna, en face de La Nouvelle-Orléans, de l'autre côté du Mississippi. Katrina a arraché l'arrière de sa maison. Son mari Wallace, charpentier, était parvenu à rétablir l'électricité mais il est mort d'un cancer en mars. Mme landry est restée chez elle.De l'extérieur et de devant, la bâtisse ressemble à n'importe quelle autre. Mais à l'intérieur, la sexagénaire vit dans des conditions déplorables, au milieu des câbles électriques dénudés, sur un sol pourrissant.

«Si les autorités sanitaires voyaient cela, elles m'obligeraient sûrement à partir», observe-t-elle. «Je vis dans une coquille d'oeuf.»

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