mardi 31 juillet 2007

Les chindogu ? Kézako ?


Inventions farfelues peut-être mais j'adore l'idée du beurre en bâton, style stick Uhu !:-)



Les inventions de monsieur Kawakami


par Dorane Vignando


Défense et illustration de l'inutile par un Japonais aussi ingénieux qu'excentrique :
L'absurde a fait du Japonais Kenji Kawakami, 50 ans, une star au pays du Soleil-Levant ».


Il dit : «Seule une âme libre peut créer des choses stupides et folles. Nous, les enfants du XXe siècle, jouissons du luxe de pouvoir construire ce dont nous ne pouvons pas nous servir.» Ce drôle d'olibrius aux multiples casquettes - diplômé en aéronautique, scénariste de dessins animés, militant anti-karaoké, anarchiste antimondialiste et directeur d'un magazine de consommation - est aussi le fondateur du mouvement Chindogu, signifiant littéralement « outil bizarre ».


Dans la préface de son croustillant premier ouvrage (1), le maître inventeur s'explique : «Les chindogu sont des inventions qui à première vue devraient énormément nous simplifier la vie, mais en fait n'en font rien. L'adepte du chindogu aborde les choses avec à peu près la même optique qu'un inventeur sérieux : il cherche à améliorer un aspect de la vie quotidienne. Mais, à la différence du véritable inventeur, le chindoguiste va fabriquer un prototype qui semble à première vue efficace, mais ne l'est pas. Après l'avoir testé et constaté qu'il ne sert à rien, son créateur se félicitera d'avoir réussi à créer un objet inutile.» Ainsi, ses centaines d'innovations représentent-elles le must absolu dans l'autodérision, surtout dans un pays réputé pour sa passion des gadgets et où les excentriques sont légion.


Voici entre autres les chaussons-serpillières pour chats, qui, placés sous les pattes des félins, leur permettent de faire briller le sol de la maison, le pack d'imperméabilisation pour journaux afin de lire dans son bain, la brosse à dents à double tête (pour brosser simultanément le haut et le bas), le beurre en bâton de colle (pour des tartines parfaites), le chapeau pour rhume agrémenté d'un grand rouleau de papier toilette, la cagoule pour poissons (pour cuisinier hypersensible). Sans oublier le parapluie pour chaussures, la fourchette enrouleuse de spaghettis, les faux ongles à ronger ou le masque gros fumeur permettant d'inhaler quatorze cigarettes en même temps...



Six cents inventions plus tard, sa renommée ne connaît plus de frontières. Son organisation, la Chindogu International Society, regroupe près de 10 000 adeptes à travers le monde. Elle a énoncé un code de l'éthique avec dix grands principes à respecter : les trouvailles ne doivent être d'aucune utilité, faire partie des objets du quotidien, ne pas reposer uniquement sur l'humour, n'offenser personne, et surtout n'être ni vendues ni brevetées.


Depuis ses débuts, les cinq livres sur la science de l'inutile de Kenji Kawakami sont devenus de véritables best-sellers au Japon. Lorsqu'il passe à la télévision, des millions de téléspectateurs attendent avec impatience de découvrir sa dernière lubie. Dernièrement, il a ainsi mis au point un coffre-fort à vingt chiffres dont la combinaison est si longue qu'il faudrait 160 fois la durée de l'Univers pour la déchiffrer. «Un vrai casse-tête à la fois pour l'acheteur et pour le voleur», explique Kawakami avec ironie.


Dans une interview sur le Net, il n'hésite pas à comparer son mouvement avec la révolution industrielle en Angleterre. «La seule différence, c'est que nos inventions sont plus désavantageuses. Elles ne peuvent être commercialisées. Et ne vivent que pour rester à l'abandon.»Lorsqu'il ne crée pas, Kawakami écrit sur des questions d'actualité. Ou invente des produits qui ne sont pas des chindogu. Comme un DVD en 3D destiné à la relaxation visuelle. «Une sorte de tai-chi pour les yeux», dit-il.


Restent ses gadgets géniaux et idiots, une forme réjouissante d'anticonsumérisme dans une époque régie par la course à la technologie.(1)

« 101 Inventions japonaises inutiles et farfelues », par Kenji Kawakami, (Vents d'Ouest).


Nouvel Observateur

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