mardi 31 juillet 2007

"Ce que je veux ? Envoyer Bush en prison !"



"Ce que je veux ? Envoyer Bush en prison !"



Julie Connan (lefigaro.fr).


A 65 ans, Jane Stillwater a une certitude : ''Jamais, je n'arrêterai d'être une blogueuse.'' http://jpstillwater.blogspot.com/
Jane Stillwater blogue depuis sept ans pour dénoncer la politique du président américain. Une démarche qu’elle a poussée à son paroxysme en partant en avril dernier en Irak par ses propres moyens.

Portrait d’une révoltée permanente.

Elle n’en est toujours pas revenue. Trois mois après avoir quitté Bagdad, Jane Stillwater est toujours obsédée par la mission qu’elle s’était fixée au départ : pénétrer dans la zone rouge de la capitale irakienne. Une vraie chimère pour une «Américaine de base», «plus une vieille hippie que grand-mère», comme elle aime à se décrire sur le blog qu’elle tient depuis sept ans. «J’ai essayé tout ce qui était humainement possible pour y retourner en vain. Sur place, plusieurs unités étaient d’accord pour m’encadrer mais elles n’ont jamais eu le feu vert des hauts-gradés du Département d’Etat. Sans doute les mêmes qui ont été nommés par Bush», raconte-t-elle, amère.



Il faut dire que pour rassembler un à un les 1.072 dollars d’un billet à destination du Koweït et pénétrer dans le bourbier irakien, cette enseignante dans un centre pour les délinquants juvéniles à Berkeley a mis sa vie entre parenthèses pendant plusieurs mois. Sa recette ? Un régime draconien pour son compte en banque : des sandwiches au beurre de cacahuètes. Et ce, malgré son appel aux dons en ligne sur son blog sur lequel elle entend expliquer à ses internautes que «Bush est en train de tuer la crème des Américains pour servir ses propres intérêts.»



«Stress post-traumatique»
Depuis son retour à Berkeley en avril dernier, la pasionaria antiguerre de 65 ans peine à reprendre pied dans la réalité. «J’ai subi un stress post-traumatique ! J’ai erré comme une ahurie pendant deux semaines à mon retour», se souvient-elle. «Je ne peux même pas imaginer que des soldats de retour après plusieurs années là-bas puissent s’en remettre ! Et puis, l’Irak est un pays fascinant à tellement d’égards que c’est très dur d’en revenir. Les règles sont complètement différentes. Chez nous, si vous tuez quelqu’un, vous allez en prison. Là-bas, si vous tuez quelqu’un, on vous remet une fichue médaille !»
Après son intrusion temporaire dans le cercle des «warbloggeurs» (bloggeurs de guerre), Jane Stillwater a continué son exercice quasi-quotidien d’écriture, sur un mode qu’elle affectionne particulièrement : la révolte permanente vécue comme un véritable sacerdoce. «Ça se rapproche pas mal d’une thérapie, une manière de faire sortir ma colère sur le gaspillage et l’injustice dans ce monde».



«Au moins, j’ai essayé»
Sur son blog sans artifice graphique, les commentaires postés sont souvent très tranchés : certains voient en elles une nouvelle icône, tandis que d’autres la prennent pour une folle. Peu lui importe, elle oppose aussitôt un contre-argument de taille : «Ce n’est pas ma faute, si j’ai raison !»
Malgré sa popularité acquise lors de sa mission irakienne, elle redoute toujours de ne pas être entendue. «Quand je vois que chaque Américain n’est pas encore en train de manifester devant la Maison-Blanche pour demander que Bush et Cheney arrêtent de se comporter comme des parrains de la mafia, je me dis que je ne suis pas encore assez lue !»
Du bout des lèvres, elle avoue songer à mettre son blog entre parenthèses un certain temps pour travailler dans une ONG.


Découragée ? «Parfois, je me sens parfois et je me dis que mes sept années de bloggeuse depuis l’élection usurpée de Bush n’ont servi à rien. Dans ces moments-là, je me souviens que je fais ce blog pour moi. Pourquoi ? Parce que quand je mourrais, j’ai envie d’aller au Paradis, et je veux pouvoir dire : «au moins, j’ai essayé». Je veux pouvoir dire que j’ai résisté et qu’ils ne m’ont pas eue !» Et de conclure, à nouveau combattive : «Jamais, je n’arrêterai d’être une blogueuse.»

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