vendredi 29 juin 2007

Osons dire le mot " cancer"

J'ai lu cet article et me suis demandée pourquoi - en France - , le mot " cancer" n'est jamais prononcé et si peu souvent écrit ..Les médias parlent de " longue maladie" mais rechignent à utiliser le mot lui-même . Croient-ils que cela nous protègera de cette saloperie ?

Candidat démocrate à la présidentielle, John Edwards poursuit sa campagne bien que son épouse soit atteinte d'une maladie incurable.

« QUE CEUX, dans cette salle, qui ne vont pas mourir un jour, lèvent la main ! » Applaudissements à Cleveland, où quelque 200 personnes sont venues écouter Elizabeth Edwards.
Les meetings de campagne de l'épouse de John Edwards, l'un des prétendants démocrates à la présidentielle de 2008, ont pris un tour dramatique depuis que, le 22 mars, le couple a convoqué la presse pour annoncer que le cancer du sein d'Elizabeth, diagnostiqué en 2004, puis soigné, s'était à nouveau manifesté, cette fois dans ses os. De stade 4, il est désormais incurable, a expliqué John Edwards, mais la campagne continue. « Je compte faire la semaine prochaine ce que je faisais la semaine dernière », a souri Elizabeth.
Depuis lors, John Edwards, 53 ans, ancien sénateur démocrate de Caroline du Nord et colistier de John Kerry aux élections de 2004, porte le bracelet de plastique jaune de la fondation du cycliste Lance Armstrong contre le cancer. Venues écouter Elizabeth, 57 ans, à Cleveland, des femmes malades expliquent comment elles font pour ne pas pleurer devant leurs enfants ou comment assurer le quotidien pendant un traitement lourd.
Souriante et directe, Elizabeth Edwards était déjà très populaire aux États-Unis. Son livre Amazing Graces, dans lequel elle raconte sa lutte contre le cancer et revient sur la mort en 1996 de leur fils de 16 ans dans un accident de voiture, a été un best-seller.
Jusque-là, John Edwards répétait qu'il resterait en course pour les présidentielles de 2008 tant que le bilan de santé d'Elizabeth resterait positif. Après la mauvaise nouvelle, c'est elle qui l'a fait changer d'avis, insiste Elizabeth, tellement convaincue que son mari ferait un très bon président qu'elle ne se pardonnerait pas d'en avoir privé le pays. Elle continuera à faire campagne avec lui. « Ou vous continuez ce que vous étiez en train de faire la veille ou vous commencez à mourir », a-t-elle ajouté lors de l'émission « 60 minutes ».
Courage ou comble de l'ambition ? Plusieurs chroniqueurs ont donné leur avis. « Est-ce qu'il ne devrait pas être chez lui à s'occuper de sa femme tous les jours ? » s'est demandé le conservateur Sean Hannity sur Fox News. D'autres ont reproché aux Edwards de ne pas se concentrer entièrement à Emma Claire et Jack, leurs enfants de 8 et 6 ans, qui les suivent dans la campagne.
Le couple se trouve des supporters jusque dans le camp adverse, comme Kellyanne Conway, une consultante républicaine qui estime que « personne ne peut juger leur décision ». Dans leur conférence de presse, les Edwards ont comparé la maladie au diabète, incurable mais traitable, « quelque chose avec lequel on vit ». Des malades du cancer leur sont reconnaissants d'avoir changé la perception de la maladie.
16 % d'intentions de vote
« Jusqu'à présent, un cancer c'était quelque chose qui vous renvoyait chez vous en attendant la mort », note, très ému, Michael Donnelly, un ancien procureur de 57 ans qui a repris des études de politique à Harvard après un cancer. Une majorité d'Américains (56 %) estiment, selon un sondage de Newsweek, que les Edwards ont pris la bonne décision. Les choix du couple et la réponse de l'opinion pourraient évidemment changer si la santé d'Elizabeth se dégradait dans les dix-huit mois précédant les élections.
« Il n'y a pas une seule personne en Amérique qui devrait voter pour moi parce qu'Elizabeth a un cancer », a insisté John Edwards dans l'émission « 60 minutes ». Avec 16 % des intentions de vote selon le magazine Time, il est encore à la traîne derrière Hillary Clinton (31 %) et le sénateur Barack Obama (24 %).
L'annonce de la maladie lui a fait faire un léger bond dans les sondages. « L'image qu'ils projettent, c'est celle du courage d'un couple soudé dans une situation extrêmement difficile », note David Redlawsk, sondeur politique à l'université d'Iowa.
Reste maintenant à John Ed-wards à exister politiquement quand c'est en mentionnant sa femme qu'il récolte les applaudissements les plus nourris. Un problème que sa rivale Hillary Clinton connaît bien.

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