mercredi 27 juin 2007

Grand Slam de Poésie de Bobigny



Les mots d'amour des détenus de Rennes et Fleury au Grand slam de poésie :


Qu'ils apparaissent à visage découvert ou pas, une vingtaine de détenus des maisons d'arrêt de Rennes et Fleury-Mérogis, filmés pour le Grand Slam de poésie de Bobigny, laissent tomber le masque pour parler d'amour, et de séparation, avec leurs mots et leurs tripes.


Lancé dans un slam soigneusement cadencé, "j'aimerais peindre une toile aux couleurs immorales, puisque tout m'est égal (...) qu'il est difficile de sourire lorsqu'on a le coeur qui saigne (...) serrer les dents, souffrir sans jamais le montrer", un beau black souriant au corps sculpté par des heures de musculation achève sa prestation sous les applaudissements de ses co-détenus à Fleury-Mérogis (Essonne).La vidéo de cette prestation de Fantôme, c'est son pseudo, et de 30 autres lectures, visionnée par l'AFP, sera projetée mercredi à l'occasion du "Grand Slam de poésie", tournoi annuel de poésie urbaine organisé cette année à Bobigny, de mardi à samedi.

Fantôme livre ensuite sa version trash et tragique d'un conte universel. "En l'an 87 au bois de Boulogne, le petit chaperon rouge a dans son sac un magnum", la jeune fille vole sa grand-mère et épouse un loup, son proxénète.

Lors de leur diffusion, à Bobigny, les performances des détenus seront, comme pour la compétition officielle, notées par des spectateurs. D'autres prisonniers qui n'ont pas pu être filmés, à la maison d'arrêt de la Santé notamment, ont obtenu une permission de "sortie culturelle", samedi, pour assister au tournoi de slam.

Pour cette session d'atelier d'écriture, le thème imposé, l'amour, a inspiré de classiques déclarations. Mais, au fil des 31 textes proposés, il est aussi question d'amour de "mère adorée", pour Los, de "meuf inventée", pour Eric, du chien de la gouailleuse Minouch, de pizza "Thon, ail et oignon" pour Roland qui dans un autre texte interpelle la France, "qui doit changer de cadence".

"Les politiques d'aujourd'hui n'arrêtent pas de se clasher comme des rappeurs du quartier", note-t-il.

Mouni, qui lit au micro sa lettre comme une écolière, s'accroche à son papier, timide et fière à la fois, pour dire son amour ... de la liberté: "de temps en temps, j'ai la chance de flirter avec toi. Je te veux fidélité à jamais mais maître de mon corps je ne suis pas. Attends moi car moi je t'attendrai, toi qui me manques, ma chère et tendre libert".

Pour Pilote le Hot, l'un des précurseurs de la scène slam française au milieu des années 90 et animateur de l'atelier à Fleury, "les ateliers permettent de partager la poésie", et "ça permet à certains de sortir des choses qu'ils n'auraient pas eu l'occasion de dire à d'autres".

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