dimanche 29 avril 2007

Direction la Finlande











Voici un superbe article trouvé dans le Figaro Madame .Félicitations au journaliste qui l'a écrit car il m'a réellement donné l'envie d'y aller !

Finlande, les perles de l'archipel
PAR CYRIL HOFSTEIN.


On dit que l'archipel de Turku, en Finlande, est fait de plus de 20 000 îles, dont quelques centaines seulement sont habitées. Des terres en mer à la beauté rude qui ne demandent qu'à être découvertes.

Pas un souffle de vent n'agite la mer, épaisse et lisse comme du verre fondu. Le drapeau finlandais qui pend à l'arrière du navire postal Eivor est comme lesté de plomb. Lourde et lente, la Baltique semble endormie sous la chaleur estivale. C'est la pleine eau, mais partout où porte le regard, on aperçoit la terre. Depuis des milles et des milles, à perte de vue, des îles. Elles sont de toutes les tailles. On dit que l'archipel de Turku, l'un des plus grands au monde, en abrite plus de 20 000. Certaines ne sont que des rochers tourmentés couverts d'arbustes et de lichens, d'autres ressemblent à des villages forestiers détachés du continent. Elles sont si nombreuses que, sur les cartes marines, elles sont pareilles à des lentilles d'eau à la surface d'un étang. Les pilotes qui desservent même les plus isolées en mer sont parmi les plus fiables tant le passage de l'une à l'autre est parfois délicat, tant certaines se ressemblent parfois.

Semé le long des côtes bordant Turku, la plus ancienne ville de Finlande, l'archipel est habité depuis des siècles. Assemblées de pêcheurs, sentinelles des phares et balises, marins, contrebandiers et aventuriers de passage s'y sont abrités. Ceux qui y ont fait bâtir une maison n'en sont jamais vraiment repartis. Avec le temps, de vraies communautés ont vu le jour et avec elles, une culture et un art de vivre sans pareils en Finlande. La langue finnoise s'est mélangée au suédois, l'architecture s'est inspirée de la construction navale, comme ces églises aux plafonds à clins, semblables à des coques de navire. On est de telle ou telle île. L'identité est forte, car chaque terre en mer a sa propre histoire. Y débarquer, c'est comme franchir le porche d'une vieille demeure de famille, intime et secrète, accueillante et retenue.

Dans un bouillonnement d'eau, l'Eivor stoppe ses machines. Après cinq heures de navigation, il vient d'atteindre Utö. La dernière île de l'archipel. Là où commence et s'arrête la Finlande. Plus loin, au sud-ouest, c'est la Suède et les eaux internationales. Habité depuis la seconde moitié du XVIIe siècle, cet îlot de granit est un univers à part entière. Tout ou presque y est unique. Sa végétation d'abord. Comme ces graminées aux fragiles fleurs pastel qui poussent entre les rochers. On ne les retrouve que dans la steppe russe, à des centaines de kilomètres de là. Leurs graines ont été apportées en même temps que le fourrage nécessaire au bétail au temps où Utö, comme le reste du pays, appartenait à la Russie. Son phare, construit en 1740 et peint en rouge et blanc, est le plus ancien de Finlande.

Par deux fois, les habitants ont dû quitter leur île et clouer les portes de leurs maisons aux bardeaux écarlates. Pendant la guerre de Crimée et au cours du second conflit mondial. Mais ils sont toujours revenus. Pas question de l'abandonner. Terre de pilotes et de pêcheurs, Utö a l'âpreté et la douceur de vivre des bouts du monde. Aujourd'hui, une trentaine de personnes y vivent à l'année, plus d'une centaine en été. Ancienne institutrice, Hanna Kovanen a décidé de quitter le continent pour revenir vivre sur Utö, où elle est née. Avec sa mère et son père, ils ont ouvert une pension de famille. «Utö, comme partout où la vie n'a pas été facile, a une longue tradition d'hospitalité que nous essayons de maintenir, raconte Hanna. Passer la nuit ici, aussi loin en mer, est une expérience.»

Dans l'archipel, la vie est rythmée par le passage des navires postaux et des bateaux-taxis. Les uns livrent le courrier et l'approvisionnement, les autres rapprochent les îles du continent. L'arrivée au débarcadère est toujours un événement. A Aspö, l'une des plus douces, les visiteurs de l'été sont accueillis au son de l'accordéon. L'île, bordée de maisons rouges et d'abris de bateaux, semble toujours en fête. Sur les chemins, les enfants des plaisanciers et ceux des pêcheurs jouent à cache-cache. On aimerait avoir encore 10 ans et ne jamais quitter les lieux. Sur l'île Jurmo, où vivent en permanence six habitants, le paysage change brutalement. Au XVIe siècle, le roi de Suède l'a incendiée pour châtier les contrebandiers qui y tenaient un comptoir. L'histoire a laissé des traces. De la forêt d'autrefois, il ne reste que de la lande et des bruyères. Un paysage désolé et splendide.

Les bateaux font relâche un peu partout, même s'ils desservent surtout les plus grandes îles comme Nötö, Korpo, Nauvo, l'archipel des Hitis, Rosala, Vanö ou Bengtskär, dont le phare vient de fêter ses 100 ans. Bengtskär, à la fois une île et un phare. Un caillou de quelques centaines de mètres carrés, situé à 22° 30' de longitude est, et l'un des rares phares encore habités des pays nordiques. Entretenu et maintenu en vie grâce à la passion des époux Wilson, il accueille les visiteurs qui souhaitent y passer la nuit.

Et puis il y a les îles secrètes. Celles dont on voudrait taire la position, tant elles sont belles. Cmme Bötesö, une île entièrement privée qui n'appartient qu'à une famille. Année après année, ils ont aménagé les lieux en respectant leur beauté naturelle. Au point que les navires qui croisent à proximité pourrait la croire inhabitée.

En été, l'archipel bourdonne de vie. Toutes les villes côtières, depuis Turku jusqu'à Naantali, attirent des milliers de plaisanciers et de voyageurs. La région a des airs de Riviera. On se presse aux terrasses des restaurants et des cafés au bord de l'eau, tandis que le soleil inonde les pontons. Le soir, dans la lumière rasante et le parfum des pinèdes, la mer vibre de la chaleur du jour. A Turku, tout au long de la rivière Aura, qui sépare la cité médiévale en deux, vieux gréements et navires à quai invitent au voyage vers le littoral et l'archipel. On ne peut y échapper. Les îles sont partout. Dans les conversations comme dans l'histoire de Turku, tout ou presque y mène.

Alors ? Vous aussi ,vous avez envie d'embarquer ?

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